Intervention du président Charles Michel au Sommet mondial sur la santé
Merci beaucoup Ursula (von der Leyen) […], merci beaucoup Mario (Draghi) et bravo pour cette initiative. C’était important de nous rassembler, même si c’est virtuel, mais nous sommes tous de tout cœur en Italie, à Rome, pour ce sommet du G20 sur la santé.
Nous faisons face à un choc mondial et c’est un choc qui nous met sous pression. Qui nous ébranle sur le plan sanitaire, sur le plan économique, sur le plan social. C’est aussi un choc qui a mis sous pression nos libertés les plus personnelles. Et nous sommes dans un moment difficile parce que nous sommes au cœur d’une bataille. C’est une course contre la montre pour vaincre le COVID-19 et dans le même temps, et c’est le sens aussi de cette réunion, on doit préparer le monde d’après le COVID-19.
Il y a évidemment un premier point qui est essentiel, beaucoup l’ont dit et je veux également appuyer ce message: on doit travailler tous la main dans la main pour assurer un accès équitable et global aux vaccins. C’est une responsabilité partagée. Nous devons tous être engagés pour cette bataille.
Il y a plusieurs choses concrètes que nous devons faire pour pouvoir agir. Premièrement, c’est notre responsabilité à nous tous, les membres du G20, de garantir les chaînes d’approvisionnement. C’est notre responsabilité de garantir aussi les exportations. Et, plusieurs l’ont dit avant moi, l’Union européenne, depuis qu’elle est en capacité de produire des vaccins, a veillé à ce que, dans les faits, autour de 50 % des doses produites sur le sol européen puissent être exportées, y compris dans le cadre de l’initiative COVAX.
Le troisième point, et beaucoup l’ont dit également, c’est l’importance de renforcer les capacités de production partout et spécialement sur le continent africain. Mais je n’oublie pas non plus l’Amérique latine. J’ai eu l’occasion, les dernières semaines, de m’entretenir directement avec plusieurs leaders africains, qui ont tiré la sonnette d’alarme. Et c’est dans cet esprit qu’avec la Commission européenne, mais également avec un rôle important joué par l’Organisation mondiale du commerce, et je veux saluer l’implication de Mme Ngozi, on a développé cette idée d’une troisième voie, du partenariat public-privé, avec la mobilisation de capacités financières pour traiter très concrètement ces questions non seulement liées à la propriété intellectuelle, mais également aux transferts de technologie et au transfert de know-how. Afin, dans les meilleurs délais, de pouvoir rencontrer cet objectif.
Enfin, l’Union européenne est mobilisée aussi pour accélérer des capacités au travers de nos États membres et de la Commission européenne, à mettre à disposition des doses pour nos partenaires, spécialement pour les régions les plus vulnérables. Nous avons été engagés pour initier et soutenir fortement le projet COVAX ou encore le projet ACT-A.
Et puis, il y a un deuxième point que je voudrais aborder brièvement: se préparer pour le futur, être plus robuste, rendre le monde plus résilient. Je m’inscris naturellement dans l’appel qui est lancé par le panel indépendant, qui encourage à réviser l’architecture internationale en matière de santé. Je vais me concentrer sur cette idée qui a été mise sur la table: un traité pour les pandémies. Je me réjouis qu’avec le docteur Tedros on ait pu beaucoup progresser, avec beaucoup d’entre vous également, afin d’identifier le cadre et les thèmes dans le cadre desquels nous devrions, ensemble, communauté internationale, tirer les enseignements pour rendre la capacité de réaction internationale plus solide, plus efficace, plus rapide à l’avenir.
Ce traité pourrait prendre en considération la nécessité de mieux prévenir les crises, c’est-à-dire réduire les risques. Ce traité pourrait aussi veiller à faciliter les échanges de données, scientifiques notamment, veiller à ce qu’il y ait de la transparence. Veiller aussi à assurer la capacité pour l’avenir de mieux coopérer sur les mesures de restriction des déplacements qui ont dû être prises dans le passé, ou encore pour s’assurer que l’on puisse garantir les chaînes d’approvisionnement.
Je me réjouis aussi des contributions de l’Organisation mondiale du commerce en lien avec l’Organisation mondiale de la santé, qui ont décidé de s’inscrire dans cette démarche. Je sais qu’il y a encore quelques hésitations. Il y a encore quelques doutes sur la question de ce traité. Je forme vraiment le vœu que l’on puisse très rapidement lever les inquiétudes. Peut-être corriger les malentendus, quand il y en a. Il y aura une réunion très importante la semaine prochaine dans le cadre de l’Organisation mondiale de la santé. Ça pourrait être le point de départ pour lancer un groupe de travail opérationnel afin d’être réunis autour de la table et de fixer cette ambition, de mettre en place un cadre juridique qui puisse conforter politiquement les leçons de cette crise COVID, pour rendre le monde plus robuste et plus solide à l’avenir.
Voilà chers amis, les quelques éléments que je voulais partager avec vous. Soyez certains, comme Ursula a pu déjà le dire, comme le président du Parlement européen l’a indiqué, que l’Union européenne sera au rendez-vous de la coopération internationale, de la solidarité pour rendre le monde plus solide, plus équitable et plus juste.